Les émotions, ce territoire inexploré

fleurs emotionsNous en sommes rarement conscient, mais les émotions sont l’un des piliers de ce qui dirige nos vies. Elles peuvent être de sages guides quand nous avons appris à les connaître et les décoder, ou des forces à premières vues incontrôlables qui nous font parfois bien peur.

Nous appréhendons tous le monde à travers le filtre de nos émotions. Ce sont elles qui nous renseignent sur une situation, avant même que notre cerveau ait entamé la moindre réflexion. Ce sont elles qui nous « disent » ce qui se passe autour de nous. Tous les enfants découvrent le monde à travers leurs émotions, c’est grâce à elles que l’on parle de l’innocence des enfants, de leur capacité à tout « sentir », tout « savoir », au-delà des mots. C’est grâce à elles qu’ils sont en lien si étroit avec leur mère, et que la mère peut dans de nombreux cas « savoir » à son tour les besoins de son enfant.

Mais qu’est-ce qu’une émotion, et comment se manifeste-elle ? Une émotion, c’est un mouvement intérieur. Elle se caractérise souvent par un ensemble de ressentis : les mains qui deviennent moites, la tête qui devient plus chaude que le reste du corps, le cœur qui s’accélère de façon plus ou moins chaotique ? Il peut s’agir d’une forme de stress, de trac, d’anxiété devant une situation dans laquelle nous ne savons pas bien comment agir mais dont nous pressentons l’enjeu (examen, rencontre amoureuse, avant de s’exprimer en public…). Quelque chose qui se « resserre » en nous de façon désagréable, les sens d’observation (vue, ouïe) qui s’éveillent comme en état d’alerte, le sentiment que quelque chose ne va pas bien que rien ne soit encore « visible » pour notre cerveau ? Nous avons sûrement perçu un danger potentiel dans notre environnement, soit physique : le corps se prépare à réagir pour lutter ou fuir (réflexes de survie programmés en nous), soit psychologique : une incohérence entre ce que nous dit une personne et les autres signaux non verbaux (visibles ou non, nous avons bien plus de sens actifs que les 5 que nous connaissons) qu’il émet nous met en garde… Un autre exemple plus plaisant : une douce chaleur qui se répand dans la zone de notre cœur et de notre thymus, le cœur qui s’accélère (ou se ralentit) légèrement ainsi que la respiration, un sentiment de bien-être arrive en nous… : il se peut qu’une personne nous regarde avec amour (au sens large) et nous transmette cette belle énergie. Les émotions nous indiquent ainsi tout ce qui se passe en nous, et grâce à elles nous disposons du meilleur des ordinateurs de bord.

Le souci dans notre société c’est que nous apprenons très tôt à refouler nos émotions, à ne pas les écouter, à les court-circuiter par notre tout puissant cerveau. Ainsi nous créons non seulement des situations à risque (burn out, maladie, accident, etc. pour la personne qui n’aura pas pu écouter les signaux répétés envoyés par son corps), mais nous limitons considérablement nos possibilités d’échange vrai, de communication juste, d’écoute réceptive et d’expression créatrice. Avec bien souvent pour effet un report compensatoire plus ou moins joyeux sur l’alimentation, le travail, le sport… ou l’entourage.

Deux cas se présentent :

  • Soit nous avons été « câblés » à notre naissance pour percevoir facilement ces ressentis, les identifier dans notre corps, et – si notre éducation nous le permet – mettre des mots dessus pour partager ce que nous vivons. Nombreux sont ceux dans ce cas qui ont été considérés comme « trop sensibles », « émotionnels », voire même « douillets » pour n’utiliser que des mots relativement neutres… Ces personnes qui s’éveillent à leurs émotions, qui apprennent à les repérer, les identifier, les comprendre, et à travailler avec pour mieux communiquer, peuvent ensuite grandement aider celles qui n’ont pas ce câblage, et surtout se sentir plus en accord avec elles-mêmes au quotidien, désamorcer des situations qui auraient fini en impasse ou en dispute, et rétablir l’harmonie au sein d’une relation (si elles le souhaitent et su l’autre le souhaite également, on peut faire une partie seul pour apprendre mais pour que cela fonctionne il faut être deux sur le chemin).
  • Soit nous ne sommes pas câblés « de base ». Nous nous sommes programmé d’apprendre cela dans notre vie, de l’expérimenter, et donc nous n’avons pas conscience de ce que nous ressentons d’emblée, nous avons comme « oublié », nous avons du mal à faire le lien entre ce qui se passe en nous (et déjà pour le sentir il peut falloir tout un réapprentissage et beaucoup d’écoute intérieure) et ce qui se passe à l’extérieur de nous. Cela nous donne un avantage considérable apparent dans la société telle qu’elle est aujourd’hui, mais cela nous coupe de nous-même et pose bien d’autres problèmes : telle une cocotte minute, les émotions non identifiés peuvent s’accumuler un certain temps avant d’exploser littéralement faute d’avoir vu le témoin de chauffe s’élever peu à peu…

Tous nos échanges inter-humains (et il en est de même avec tout ce qui vit) sont basés sur ce ressenti premier, sur l’adéquation entre messages verbaux et non verbaux, entre ce que nous percevons avec nos sens « extérieurs » et ce que nous sentons avec nos sens « intérieurs ». C’est pourquoi si nous avons appris à ignorer ces signaux intérieurs nous pouvons nous retrouver dans des situations où nous nous sentons trahis, abandonnés, rejetés, manipulés et tant d’autres impressions qui sont presque uniquement la résultante de notre non écoute intérieure. Les signaux étaient là, ils criaient pour que nous les entendions, les voyants étaient dans le rouge et pourtant nous n’avons « rien vu ». Rien vu ? Nous n’avons pas appris à voir, mais nous avons aussi accepté de ne pas voir…

Souvent si nous faisons le choix de regarder avec du recul ces situations, nous avons conscience des signaux, de nos ressentis qui nous « prévenaient ». Et une fois que nous l’avons vu, nous pouvons travailler à exprimer ce que nous ressentons au moment où cela se présente : « Excuse-moi mais entre ce que j’entends et ce que je perçois il existe un décalage. Est-ce que nous pouvons en parler ? ». C’est tout à fait possible et souhaitable dans un couple, pour les autres situations à chacun de voir ce qu’il souhaite vivre et comment l’adapter…

Je pensais écrire une autre article sur quelques « techniques » qui aident à voir et gérer les émotions – quotidiennes autant que traumatismes du passé – (EMDR, EFT, sophrologie, expression créative…), sur ce qui peut les influencer (connaissance de soi, alimentation, respiration, contact avec la nature…), mais finalement, la meilleure technique c’est celle qui vous appelle, qui vous parle, vers laquelle vous êtes guidés.

Ceci étant dit vos commentaires sur le sujet sont les bienvenus, cela pourra aider une autre personne trop timide pour écrire ici !

 

2 Replies to “Les émotions, ce territoire inexploré

  1. Bonjour Pénélope (et Laurent),
    Je viens de lire ton expérience, beau parcours de vie en 3 ans !
    Au sujet des émotions :
    Je connaissais aussi le RIT (Réduction des Incidents Traumatiques ou TIR en Anglais) qui permet de retirer les grandes comme les petites émotions bloquées et bloquantes !

    Je fais le Blog « Le grand changement » http://changera.blogspot.fr/
    Je lance le Blog « Infos Santé Autrement », je peux avoir un budget pour son fonctionnement !
    Et si des gens sont intéressés il y a le projet « écovillage82 » à relancer !
    Je suis vers Montauban
    Bonne continuation !
    Filibert

  2. Quelle satisfaction de voire ce sujet très bien décrit en deux petits paragraphes. Avant «les autres », « les circonstances », notre plus grand problème est : nos émotions. Elles ne nous permettent pas de faire exactement ce que l’on veut faire et tout se complique mais personne ne prend la mesures du problème : «Le souci dans notre société c’est que nous apprenons très tôt à refouler nos émotions, à ne pas les écouter, à les court-circuiter par notre tout puissant cerveau ». Quelle satisfaction de se sentir compris en lisant cet article.

    Apprendre à les connaître à les décoder et à se servir du meilleur des ordinateurs de bord est sans doute la priorité dans notre société. Et cela résoudrait, disons, presque tous les problèmes, tellement c’est un sujet important. Et multiplierait la satisfaction d’échange vrai, de communication juste, d’écoute réceptive et d’expression créatrice. Nous pleurons si souvent notre frustration de ne pas savoir nous faire entendre, de nous faire comprendre.

    Il y a une grande demande de « câblage », de nettoyage et de gestion de ce qui est inutile, et il me semble que ce sujet sera bientôt souvent abordé et développé dans la vie de tous les jours et par les médias. Un livre pour enfants explore ce domaine avec sensibilité : « Mes émotions, des visiteuses inattendues. Une promenade qui fait du bien ». Je souhaite que ce genre de billet aliments souvent notre réflexion et nos échanges.

Laisser un commentaire