L’effet miroir

coucher-du-soleil-montagne-et-merPar quoi commencer ? Cela fait peut-être un an que j’ai découvert ce que l’on appelle «l’effet miroir». Le principe général est simple : ce qui se passe à l’extérieur de nous est le juste reflet de ce qui se passe à l’intérieur de nous.

Il est sûr que bien utilisé, c’est un outil de développement personnel extrêmement puissant. Je crois bien en avoir appris plus sur certains aspects de moi à partir de cette découverte que pendant plusieurs années de psychothérapie (qui m’ont beaucoup apporté néanmoins, mais sur d’autres plans 😉 ).

Après avoir lu un article sur le sujet, la première application pratique fut pour moi l’observation de ce qui «m’énervait» chez les autres, à commencer par mes voisins. A ce moment-là il y avait en particulier un de mes voisins, qui certes est une belle personne, très généreuse pour partager en permanence ses connaissances et coups de main, qui m’a appris énormément et envers qui je suis vraiment reconnaissante, mais qui avait également une forte capacité à faire ressortir les émotions les plus variées en moi. Nous étions «voisins de chantier» puisque j’habitais à ce moment-là sur un petit chantier naval pour refaire la peinture de mon studio flottant. Autant dire que la promiscuité était forte, et qu’il était difficile de ne pas entendre ses éclats de colère et son énervement dès que quelque chose n’allait pas. Il a pour trait de caractère un certain perfectionnisme, et a eu pour habitude professionnelle d’être chef. Malheureusement pour moi, comme exutoire à sa colère il y avait sa femme, à qui il parlait d’une façon qui me laissait KO un certain temps tant je suis sensible sur le sujet.

J’ai donc commencé par observer. Observer son comportement en essayant de prendre du recul, mais surtout observer mes réactions. Qu’est-ce qui réagissait si fortement chez moi ? Pour qu’il y ait réaction il faut qu’il y ait résonnance. Si ça ne résonne pas à l’intérieur de nous, si ça ne «touche pas une corde sensible», si nous ne nous sentons pas concernés, alors nous resterons neutres émotionnellement. Cela n’empêche pas d’avoir un avis ou d’agir, simplement ce ne sont plus alors les émotions qui nous dirigent, et ça change tout.

Cela fut une expérience assez dure les premiers jours. Le temps de me rendre compte et d’accepter que oui, j’ai ce perfectionnisme et cette volonté de bien réussir les choses en moi, ou plutôt de les maîtriser, de vouloir que tout se déroule comme moi j’en ai envie. Et cet effet miroir là était dur à avaler. Mais pour reconnaître cela il a aussi fallu que je vois au-delà des apparences : voir qu’il y avait bien un problème de base similaire (volonté démesurée de maîtrise, difficulté à lâcher prise), alors que nos comportements différaient du tout au tout. Jamais je ne me serais permis de laisser sortir ma colère (de toutes façons je ne suis jamais en colère… ok, soyons honnêtes : jamais extérieurement). Voilà, tout est dit.

A ce stade là j’ai enfin compris : il se permettait d’extérioriser quelque chose que j’avais tellement fait rentrer à l’intérieur de moi (éducation, envie de plaire…) que j’en avais oublié l’existence. Grâce à cette prise de conscience j’ai pu faire la part entre la réaction émotionnelle et ses paroles, et enfin aller lui parler sereinement pour lui partager ce que je ressentais en l’entendant crier ainsi des mots pas très doux à sa femme. Peu importe l’effet que cela a eu sur son comportement, cela a eu un fort effet sur moi. Déjà avant cette prise de conscience j’étais incapable de sortir de chez moi pendant un certain temps après l’avoir entendu s’énerver. Ne prenant plus ça «sur moi», ma vie quotidienne s’en est trouvée grandement améliorée. Et puis avant aussi, je ne pouvais même pas imaginer aller lui parler calmement, je pressentais fortement que non seulement j’aurais eu du mal à m’exprimer, mais en plus n’importe quelle réponse m’aurait fait au mieux pleurer au pire serrer les poings… Merci l’effet miroir !

J’ai retrouvé souvent ce type de personnalité sur ma route, comme si cela me permettait de vérifier que j’avais bien intégré la leçon. Je suis retombée dans quelques pièges qui m’ont permis d’apprendre encore un peu mieux comment je fonctionnais, et avec le temps ce type de comportement ne s’est plus présenté devant moi. Ou peut-être simplement je ne m’en rends plus particulièrement compte ? 😉

 

J’ai ensuite découvert un autre aspect de l’effet miroir… L’aspect collectif.

Ce que nous avons l’impression de «faire subir» à la planète, ce que nous déversons comme pollution dans les eaux, toutes les injustices et dérives qui nous font souffrir, c’est ce que nous nous faisons à nous-même. Je n’ai pas encore assez exploré ce point pour le développer personnellement, mais il me semblait important de l’aborder.

 

Et enfin, depuis peu j’ai fait connaissance avec un troisième aspect de ce fabuleux effet : le miroir positif.

Et oui, je n’y avais pas pensé, d’autant que les lectures que j’avais eu sur le sujet n’insistaient pas trop là-dessus (ou encore une fois je n’étais pas prête à le voir), mais si ce qui nous énerve chez une personne est le reflet de ce que nous avons du mal à accepter en nous, qu’en est-il de ce qui nous émerveille ?

J’ai eu la réponse en passant du temps à regarder mon amoureux pendant qu’il était concentré sur quelque chose qui lui tenait à coeur : c’est le plus bel effet miroir qu’il m’ait été donné de voir, et ma petite voix m’a confirmé que j’avais appris une belle leçon. Voir ce qu’il y a de plus beau chez les autres c’est aussi accepter que nous avons ce merveilleux en nous également. Accepter de regarder ses points faibles en face est nécessaire pour évoluer. Mais sans l’amour que nous pouvons nous porter, sans ce soutien intérieur nous confirmant que nous sommes beaux, dignes, capables, aimés et aimants… il sera très difficile d’aller plus loin.

Cela rejoint bien sûr de nombreux textes que j’ai lu sur l’estime de soi et autres, mais le côté pratique et immédiatement intégrable de «l’exercice» est assez magique.

Car oui, aucun doute, mon regard sur moi a été sensiblement modifié à la lumière du regard que je porte sur celui que j’aime, tout comme par les pensées «positives» (un regard aimant en quelques sorte) que je prends soin de nourrir et d’envoyer à l’attention de tous ceux que je connais.

Une façon simple de se changer soi-même en somme, et peut-être de changer le monde ? 😉

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