Mes amies les émotions

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Je commence enfin, peu à peu, à force d’expérimentation, de patience et d’observations, à ne plus avoir peur d’elles.

A ne plus les craindre.

Ne plus me sentir trop souvent dépassée ou débordée, ni par les miennes ni par celles des autres.

Quelle expérience libératrice, porteuse, utile !

Que n’ai-je découvert cela plus tôt !

« Elles » ? Mais qui donc ?

Les émotions !

Ces fameux messagers, qui ont tant de choses à nous dire !

Une émotion en soi est un message, un signal, un indicateur. Il parait que « physiquement » (au niveau des mécanismes bio-chimiques qui nous font ressentir les émotions), une émotion dure environ 3 minutes.

C’est à ce moment précis que l’on peut :

  • crier « Je suis en colère » en tapant du pied au sol, sans pour autant que ce soit « contre » quelqu’un.
  • sauter de joie les larmes au yeux en remerciant la vie, sans attendre que les autres autour fassent de même.
  • s’effondrer en grosses larmes (dans les bras de quelqu’un ou non), juste pour évacuer l’intensité de la tristesse qui nous traverse sur le moment.
  • se figer de peur en réaction à des signaux anormaux (bruits, mouvements, sensations…), réflexe nécessaire pour évaluer la situation et ses risques potentiels, et agir en fonction, sans jugement.
  • prendre un temps de calme pour respirer et se recentrer, voire se mettre à l’écart, quand on se sent trop balloté par l’extérieur, le temps que notre ciel intérieur redevienne plus clair et compréhensible.

S’il n’existe pas d’émotion malsaine ou négative en soi, il existe beaucoup :

  • d’interprétations erronées,
  • d’expressions non adaptées,
  • et en conséquence des deux points précédents, il peut y avoir des émotions « écran », « parasites », qui sont une couche fabriquée au-dessus de l’émotion de base qui n’a pas été accueillie et entendue au moment où elle s’est présentée.

Si une situation me fait bouillir et que tout mon corps m’invite à y réagir fermement et clairement, mais que je ne fais rien (par convention, éducation, peur du jugement ou des réactions en retour…) et que je me contente de « ravaler » / masquer / nier ce volcan en moi, il y a de forts risques que cette colère non exploitée reste tapie et sous pression, à l’affut de la première situation où elle pourra ressortir, et ce même si ce n’est pas du tout sa place.

Par exemple, je vois une personne en frapper une autre hors de tout cadre acceptable pour mon esprit (pratique d’un sport de combat par exemple). Mon corps va envoyer tous les signaux pour réagir de manière optimale, en parallèle de la possibilité d’analyser finement le contexte et mes possibilités pour ne pas me mettre en danger moi-même. Idéalement, selon ces informations, je vais répondre à cette émotion qui me met en mouvement par : un temps plus ou moins long de choc qui me fige, le temps de l’analyse de la situation, puis logiquement une mise en mouvement, soit pour m’interposer (physiquement ou verbalement) soit pour aller chercher de l’aide…

Si je ne fais rien (impossibilité physique, barrières psychologiques/éducatives…), les tensions générées en moi et la multitude d’informations en attente de traitement vont rester dans mon corps avec la nécessité absolue de s’exprimer.

Si je n’ai pas la possibilité d’utiliser la force et la puissance d’une émotion au moment où elle se présente, il sera bon que j’ai au moins conscience de son existence et que je puisse la libérer dès que possible par d’autres moyens : écriture, parole, arts, sport… La visualisation (revivre la scène par la pensée, en ressentant les émotions associées, et en changeant le scénario), l’EMDR, l’EFT, la sophrologie, la kinésiologie, certains massages thérapeutiques (…) peuvent être efficaces à plus ou moins grande échelle et à plus ou moins long terme selon les personnes. Tout en sachant que ce n’est pas toujours une solution efficace que d’agir a posteriori, et que cela ne peut pas être équivalent à l’expression immédiate de l’émotion, au moment même où elle est utile. Il faudra bien plus d’énergie, cela peut être plus ou moins éprouvant selon les techniques et personnes, et il y a également des risques que tout ne soit pas libéré, remis en circulation, et qu’une partie du message reste donc toujours en attente et nous influence malgré nous.

C’est ainsi qu’en rentrant chez moi – si je n’ai pas du tout ou seulement partiellement libéré la messagère et tout ce qui l’accompagne – je pourrai me retrouver à m’énerver « sans raison », à avoir des comportements que je ne comprends pas, à ressentir de la violence en moi (qui pourra tenter de s’exprimer contre moi-même ou mon environnement)… Je ne serai plus en pleine possession de mes moyens ni libre de mes actions, puisque sous l’influence de cette force qui a été bloquée au moment où elle devait jaillir.

De la même manière, une joie naturelle qui cherche à jaillir au monde, mais réfrénée et engloutie, pourra éventuellement générer divers troubles dans la communication, l’expression des besoins, les relations à soi et aux autres.

Une peur bloquée, non acceptée, jugée ou bâillonnée pourra notamment mettre en situation de danger (physique ou psychique) qui ne l’aura pas écoutée, ou encore générer différents symptômes physiques pour évacuer ce qui peut l’être.

Quant à la tristesse, si elle ne fait pas son travail de nettoyage, d’évacuation, de trop plein, de transmutation (…), cela pourra donner lieu par exemple à la manifestation de soucis et déséquilibres dans l’image et l’estime de soi, le développement de peurs irrationnelles, des pensées désagréables et plombantes, ne plus avoir la force de rebondir, ou alors au contraire être porté.e par une fausse colère, qui ne sera pas forcément productive et ouvrira la porte au ressentiments et aux jugements…

La colère n’est PAS la violence. La colère est protectrice.

La tristesse n’est pas dépression. La tristesse est libératrice.

La peur n’est pas faiblesse. La peur est moteur.

La joie n’est pas folie. La joie est expression de vie.

Etc.

C’est la négation, la méconnaissance, et la tentative de contrôle, de détournement, ainsi que les jugements posés sur les émotions (et sur celui qui les ressent) qui crée des déséquilibres dans la compréhension et l’expression des émotions. Il n’y a pas une manière de les vivre et de les laisser s’exprimer, mais il y a assurément des manières plus adéquates et porteuses que d’autres.

Et cela se complique quand on ajoute le fait qu’une émotion est générée plus ou moins à l’identique que l’on soit en situation réelle ou projetée (rêve, film, lecture, « informations télévisées »…), bien qu’en théorie notre duo corps/esprit soit capable de gérer différemment les émotions liées à des évènements sur lesquelles il n’a pas de possibilité d’action.
Sous réserve qu’il en ait conscience, et qu’il ne soit pas inondé par ces « informations » orientées justement de manière à générer des émotions, ou – peut-être – que l’on ai appris et que l’on soit en mesure d’accueillir / de transmuter tout ce qui passe…

La force des émotions générées « artificiellement » sera probablement en rapport avec le vécu, la sensibilité et les traumatismes/blessures personnels. A ma connaissance, on ne soigne d’ailleurs pas un traumatisme sans passer par un accompagnement direct ou indirect de la part émotionnelle associée. Et cela va même plus loin : si une situation/information qui ne fait visiblement réagir personne autour de vous provoque un tsunami émotionnel en vous, il est fort probable que l’information en question ne soit pas la cause première, mais que cela aille réveiller une émotion bloquée chez vous. Vous savez, une de celle qui n’a pas pu s’exprimer au moment où elle s’est présentée pour faire son job d’émotion… Cela ne veut pas dire qu’il faille être insensible ou neutre en tout, simplement qu’il est utile de se connaître et de savoir se guérir. Ainsi, nos actions et réactions d’aujourd’hui peuvent devenir conscientes et adaptées, et non dirigées par des forces qui nous dépassent.

Faire du tri dans ce qui nous inonde et nous submerge émotionnellement, tout en prenant soin de s’occuper de libérer – chaque fois que possible – les émotions que nous avons censurées précédemment et qui sont encore inconsciemment actives en nous, peut être une démarche très bénéfique, pour soi comme pour le collectif.

A noter, pour qui ne serait pas encore conscient de cela : oui, nous pouvons ressentir et « vivre » concrètement et de façon très réelle les émotions de quelqu’un d’autre (par proximité physique et/ou énergétique et/ou émotionnelle..). Cela se nomme généralement l’empathie, mais cela peut être aussi une forme de parasitage (aussi bien énergétique, des entités/formes d’énergie non incarnées qui nous influencent par leur présence à nos côtés, que physique, par l’action des bactéries de nos microbiotes – en particulier le microbiote intestinal, grand générateur de neurotransmetteurs et donc très impliqué dans notre perception du monde et nos réactions émotionnelles).
Dans le cas de l’empathie voir de l’hyper-empathie, il est possible d’apprendre à quoi correspondent ces messages pour nous, et les outils ou la distance que nous pouvons ou non prendre face à ça selon notre chemin de vie et nos besoins du moment.
Dans le cas de parasitages quels qu’ils soient, le travail peut être plus ou moins long et intense, passant souvent par des prises de conscience, une observation de « ce qui est à nous » et ce qui ne nous appartient pas, des nettoyages, une meilleure communication envers soi et les autres, éventuellement des changements dans le mode de vie… Il n’y a pas une seule route mais beaucoup de chemins…

Quoi qu’il en soit, puisse chaque être vivant être entendu dans l’existence et l’expression des émotions brutes et utiles qui le traversent, que celles-ci puissent être accueillies pour ce qu’elles sont, afin de faire leur chemin et de ne pas rester en travers du nôtre.

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